L'accusé ROUSSEY est le fils d'un cordonnier de Saint-Vit. Il est encore célibataire et exerce la profession d'instituteur à Boussières. De septembre 1939 à septembre 1940 il se trouvait sous les drapeaux, tout d'abord 4 mois dans une école d'officiers de réserve à Saumur, puis comme aspirant dans une compagnie du train. En avril 1943, le co-accusé, ROTHAMER demanda à l'accusé s'il ne voulait pas faire partie d'une organisation gaulliste dans laquelle lui-même se trouvait. Le but de cette organisation serait de libérer la France des Allernands. L'accusé refusa tout d'abord. Quelques jours plus tard, il fit par l'entremise de ROTHAMER la connaissance de l'accusé SIMON. Celui-ci le pressa également d'entrer dans l'organisation sur quoi l'accusé se déclara d'accord. Il se choisit le beau nom de "Frédéric" et reçut la mission de former un groupe de résistance à Saint-Vit. L'accusé n'enrôla pas de nouveaux membres mais provoqua un entretien entre l'accusé BECHE qu'il connaissait bien et l'accusé SIMON. Ce dernier lui avait demandé s'il ne lui serait pas possible d'entrer en liaison avec un fonctionnaire de la Préfecture afin d'obtenir de ce dernier des renseignements importants pour le groupe de résistance. SIMON et BECHE s'entretinrent pour la première fois lors d'une rencontre occasionnelle après une partie de football à Saint-Vit. Quelque temps après, un rendez-vous eut lieu dans l'auberge du commerçant DARD à Boussières. SIMON apporta ce soir là des explosifs pour l'attentat contre l'écluse, près d'Osselle. Déjà avant ce rendez-vous à Boussières, l'accusé ROUSSEY avait pris part à l'attentat aux explosifs contre la conduite de haute tension près de Saint-Vit (n° 19). Il avait été invité par ROTHAMER d'indiquer à son équipe (Rothamer, Retrouvey, Puget) les pylônes en question.

Il conduisit également les susnommés vers les pylônes et alluma lui-même une partie des explosifs avec une cigarette allumée, mais prétend avoir préalablement enlevé le papier qui rendait étanche la charge d'explosif afin d'éviter ainsi l'explosion. Effectivement deux charges n'ont pas fait explosion. L'accusé prétend s'être, après l'attentat, abstenu ; parce qu'il n'approuvait pas l'activité du Groupe de Résistance. C'est ainsi que lors de l'entrevue à Boussières, il aurait présenté ses scrupules à SIMON. Le co-accusé ROTHAMER a confirmé que ROUSSEY a effectivement formulé des scrupules. Selon lui, SIMON les aurait alors encouragé tous deux. Selon l'explication plausible du co-accusé SIMON, ROUSSEY voulait uniquement savoir par lui combien de membres le mouvement de la Résistance comptait déjà, en émettant l'opinion qu'il ne pouvait s'agir que d'un petit nombre. SIMON lui expliqua alors que seul dans cette région il comptait sur 2 à 3.000 partisans.