René Paillard
René, Léon, Julien PAILLARD dit « Lucien 705 »
Naissance: 13 avril 1925 à Aveney
Décès: 26 septembre 1943 à la citadelle de Besançon
Statut: Fusillé
Domicile: Aveney
Métier: Agriculteur
Parents: Victor Paillard et Marie Joséphine Vauthier (agriculteurs)
Rôle dans la résistance: ( dès le début de l’année 1943)
Attentats : 5, 10, 15, 18 + deux réunions
Arrestation: Arrêté le 2 juillet 1943 à Aveney par la Sipo-SD
Condamnation: A la peine mort
Exécution: 26 septembre 1943 à 7h36 à la citadelle de Besançon
Décorations: Médaille militaire + Médaille de la Résistance + Croix de guerre + mention « Mort pour la France »
Extrait du jugement du tribunal militaire Felkommandantur 560 :
« 10) L'accusé PAILLARD est le fils du cultivateur et Maire Victor PAILLARD d'Aveney. Il fréquenta l'école primaire d'Aveney jusqu'à l'âge de 15 ans puis une école catholique de Besançon jusqu'à 16 ans. Depuis il travailla dans l'entreprise agricole de ses parents.
Vers le mi-mars 1943, Marcel BAUD d'Avanne, l'invita à entrer l'organisation des F.T.P. Il lui déclara que dans son village il était le seul membre et qu'il aimerait bien avoir encore un camarade. Avanne et Aveney se trouvent sur les bords du Doubs et en face l'un de l'autre, les deux villages sont reliés par un pont. BAUD expliqua à l'accusé le but du mouvement de résistance : le libération de la France de l'occupation des Allemands. Il lui dit aussi que des attentats seraient exécutés contre des écluses, etc... et lui avait fixé un rendez-vous pour le soir suivant. A ce moment PAILLARD n'avait pas 18 ans et croyait bien faire comme Français en prenant part au mouvement de Résistance. C'est ainsi que le 18.4.43 il fit franchir le Doubs en barque à ceux qui prenaient part à l'attentat contre l'écluse d'Aveney. Le 5.4.1943 il accompagnait le chef SIMON dans les expéditions de reconnaissance relatives à l'écluse de Thoraise-Torpes. Après qu'il eut atteint l'âge de 18 ans il prit également part, dans la nuit du 15 au 16.4.1943 aux attentats contre le fort de Montfaucon et contre le Maire de Montferrand. Dans le premier cas il était armé d'une grenade à main et avait à surveiller un chemin creux conduisant au dépôt d'explosifs. Dans le second cas il fut placé sans arme à la sortie de village. PAILLARD reçut le nom de "Lucien". Il prit part à deux réunions du détachement sur le fort près de Pugey. SIMON fit des cours sur la confection des bombes, et démontra aussi le maniement d'armes de guerre.
Après que l'accusé eut appris que le Maire de Montferrand avait été tué à coups de revolver, il refusa sa participation à d'autres attentats. »
Lettres à ses parents
à Monsieur et Madame Victor PAILLARD, à Aveney.
Mes chers parents,
C'est au milieu de la nuit que j'apprends que je vais être exécuté. J'aurai le courage nécessaire. J'ai communié hier soir et je vous dis : rassurez-vous, nous nous retrouverons au Paradis. Pardonnez-moi toutes les misères que je vous ai faites dans ma vie, je les regrette amèrement. Je n'ai pas peur de mourir pour moi, mais c'est pour vous que j'aurais voulu rester, pour vous faire tout le bien que vous m'avez fait et vous rendre une vieillesse heureuse. Priez, servez Dieu de toute votre âme, et nous nous retrouverons un jour au Paradis.
Votre fils qui vous aime.
René.
Chers Parents,
Je viens maintenant à chacun de vous dire mes dernières pensées. A toi, maman, tu es une sainte ; tu m'as élevé pendant dix-huit ans, et moi, ingrat, je ne t'ai fait que des misères ; pardon, maman. Toi, papa, tu es un saint ; tu as bûché toute ta vie pour moi, et moi, égoïste, je ne songeais pas à vous soulager, pardon, papa. Pardon pour le déshonneur que je vous cause ; j'espère par mon repentir obtenir le Ciel, et là, nous nous retrouverons.
Annie, aime bien le papa et la maman, et sois toujours une bonne chrétienne.
Votre fils repentant,
René.
Lettre à son oncle
à Monsieur Louis VAUTHIER, à Aveney.
Cher oncle Louis,
Je viens te dire au revoir, parce que je suis sûr que nous nous reverrons au Paradis. Je vous charge de donner le bonjour à tous mes parents, amis et connaissances, et de leur dire que je serai fort devant la mort. Je vous charge de donner un dernier bonjour à Josette, n'ayant pu le faire sur la lettre de mes parents. Au revoir, Michel, donne bien mon au revoir à tous les copains. Dis-leur de ma part qu'ils songent à travailler plutôt qu'à s'amuser.
Salut.
René.
Lettre à son ami
à Monsieur Léon TAVERDET.
Cher Léon,
Je veux aussi avant de tomber, à toi tout particulièrement, dire ce que j'ai pensé dans ma cellule, et te charger d'en être auprès de tous les camarades le fidèle interprète. Cher Léon, garde dans le bon chemin tous ceux qui ont le bonheur d'y être, et ramènes-y ceux qui ont le malheur de s'en détourner. Je te charge aussi, cher ami, de mettre tout en œuvre pour rebâtir le patronage, car c'est là que l'on conserve pur le cœur des jeunes étourdis.
Ton copain pour toujours.
René.
Lettre au curé
à Monsieur l'abbé VERNEREY, curé d'Avanne,
Monsieur le Curé,
Je ne veux pas partir sans vous avoir exprimé mon remerciement pour tout le bien que vous m'avez fait. Depuis mon enfance jusqu'à maintenant, vous n'avez cessé de me faire du bien. A vous spécialement, je veux dire que si je pars, que mes parents ne soient pas affligés, et je vous charge d'être leur consolateur, leur guide, le guide aussi de tous mes camarades. Dites-leur que je serai très courageux devant la mort, et conservez-les toujours dans la crainte et l'amour de Dieu.
Votre ami de toujours.
René.