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Henri Fertet

Henri, Claude FERTET dit « Émile 702 »

Naissance: Né le 27 octobre 1926 à Seloncourt

Décès: 26 septembre 1943 à la citadelle de Besançon

Statut: Fusillé

Domicile: Domicile de ses parents, à l’école de Besançon-Velotte

Métier: Étudiant au lycée Victor Hugo à Besançon

Parents: Instituteurs

Rôle dans la résistance: (dès l'été 1942) (chef d'équipe) Attentats : 15, 20 b, 28

Arrestation: Arrêté le 3 juillet 1943 au domicile de ses parents

Condamnation: A la peine mort

Exécution: 26 septembre 1943 à 7h36 à la citadelle de Besançon

Décorations: Médaille de la Résistance + Croix de guerre + Croix du Combattant Volontaire + mention « Mort pour la France » + Médaille des Déportés et Internés Résistant + Compagnon de la Libération + Chevalier de la Légion d'Honneur

Extrait du jugement du tribunal militaire

Le jeune FERTET, âgé de 16 ans, est le fils d'un instituteur. Il était élève du Lycée Victor-Hugo. Par l'intermédiaire de son camarade d'école Raymond TOURRAIN, un frère de l'accusé TOURRAIN, il fit la connaissance de l'accusé SIMON et entra en novembre dans son groupe, étant d'accord sur le but poursuivi, savoir la libération de la France de l'occupation. Il fut nommé chef d'équipe et prit part aux attentats n° 15, 20 b et 28.

Lors de la première entreprise, il était chargé avec deux autres membres du groupe, d'empêcher le poste allemand cantonné dans le village de se porter au secours des sentinelles du Fort de Montfaucon. Il était porteur de plusieurs grenades à main et les aurait utilisées, si cela avait été nécessaire.

Lors de la deuxième entreprise, il fixa 4 obus aux pieds d'un pylône de la conduite à haute tension, dont 3 explosèrent.

L'attentat contre le Commissaire des Douanes ROTHE qui succomba à sa blessure le 25.8.43 fut exécuté de la façon suivante :

Dans la soirée du dimanche de Pentecôte, l’accusé se rendait à bicyclette de Besançon à Boussières, où son père avait été instituteur dans le temps et où il devait acheter des vivres. Avant d'arriver au pont de Velotte, il rencontra le co-accusé REDDET. Pendant qu'ils s'entretenaient l'inspecteur des douanes ROTHE passa à bicyclette. Il avait une serviette accrochée à son guidon. Les deux accusés remarquèrent ceci et virent également que ROTHE était armé d'un revolver. Comme précédemment dans le groupe il avait été question qu'il serait nécessaire d'attaquer des membres isolés de l'armée d'occupation pour se procurer des armes et si possible de l'habillement, spécialement des bottes, REDDET demanda à FERTET "Est-ce qu'on y va ?". FERTET retourna immédiatement à la maison de ses parents qui ne se trouve qu'à quelques centaines de mètres de là, et prit son revolver (7,65 mm). REDDET avait bien son revolver à lui, mais ne se fiait pas à son fonctionnement. FERTET également jugea préférable d'aller chercher son propre revolver. REDDET suivit entre temps le commissaire ROTHE qui descendait de bicyclette devant une auberge située en face de la gare de Busy-Larnod et séjourna dans l'auberge environ 10 minutes. Les deux accusés l'attendirent puis le suivirent dans la direction de Quingey. Entre les bornes kilométriques 18 et 19, FERTET qui précédait, demanda si l'endroit était propice. REDDET donna une réponse affirmative. Sur quoi FERTET sortit son revolver et, dépassant le commissaire tira à courte distance (environ 1 mètre) un coup sur lui Immédiatement il s'éloigna rapidement. REDDET donna une réponse affirmative. Sur quoi FERTET sortit son revolver et, dépassant le commissaire tira à courte distance(environ 1 mètre) un coup sur lui. Immédiatement il s'éloigna rapidement. REDDET vit encore que ROTHE avait été atteint dans le dos et qu'il tomba de sa bicyclette. Il s'aperçut également que le blessé portait la main à son revolver et cria à son co-accusé. Tous deux descendirent de bicyclette après un parcours de 50 à 100 mètres et montèrent leurs bicyclettes sur le talus. Ils voulaient retourner pour s'emparer du revolver et de la serviette, dans laquelle ils escomptaient trouver des papiers susceptibles de leur être utiles. Tous deux prétendent ne pouvoir dire avec certitude qu'ils auraient tiré un second coup sur le blessé. Ils prétendent avoir été très excités. Avant d'atteindre le lieu de l'agression, ils entendirent le bruit d'une motocyclette et prirent la-dessus la fuite.

Le Commissaire des douanes ROTHE fut atteint à l'épine dorsale, blessure qui entraîna une paralysie de la région ombilicale. Cette paralysie entraîna la mort après de longues et atroces souffrances.

L'accusé FERTET affirme qu'il n'a pas agi par penchant criminel ou pour s'enrichir, mais dans la croyance qu'il faisait son devoir patriotique en tant que membre des F.T.P. Il prétend également ne pas avoir eu l'intention de tuer le fonctionnaire des douanes.

Après l'attentat, il se rendit à Boursières chez l'aubergiste et négociant DARD, qui est un ami de ses parents. Il le pria de prendre le revolver en garde. DARD refusa tout d'abord de prendre le revolver, mais eut pitié de l'accusé qui était très énervé et finalement prit l'arme, eu égard pour ses parents. Il fit de sérieuses remontrances à l'accusé et exigea que l'arme fut reprise le plus tôt possible.

Lettre à ses parents

Chers parents,

            Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.

            Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, ce que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué ; j’espère qu’il ne faillira point à cette mission désormais sacrée.

            Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos, Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le “Comte de Monte-Cristo” à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice Andrey de La Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.

            Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon cher Papa, mes collections à ma chère maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.

            Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.

            Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.

            Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris.

            Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur les “trois petits nègres”, il en reste un. Il doit réussir.

            Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.

            Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans ?

            Maman rappelle-toi :

                        “Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs Qui, après leur mort, auront des successeurs.”

            Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.

            Mille baisers. Vive la France.

            Un condamné à mort de 16 ans.

H. Fertet.

 

Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.

Expéditeur : Monsieur Henri Fertet, Au ciel, près de Dieu.

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